Vestiges d’une époque révolue, les vieilles cassettes vidéo et audio, si elles comptent surement encore quelques utilisateurs, constituent avant tout à l’échelle d’un pays un stock de déchets potentiel prenant la poussière et souffrant d’une certaine imprécision quant à leur fin de vie. Il s’avère que les déchetteries ne constituent pas forcément la meilleure solution pour en assurer le recyclage. Par contre, la constitution d’associations citoyennes actrices à part entière de la filière du recyclage revêt un intérêt certain dans la prise de conscience et l’action citoyenne engagée dans l’écologie.
Déposer ses cassettes audio et vidéo à la déchetterie : une solution finalement pas très écolo…
Ces déchets sont censés être recyclés en déchetterie. Cependant, ne correspondant pas à la catégorie des DEEE comme on pourrait le croire (déchets d’équipement électrique et électronique), ils répondent à des consignes de « versement » différentes, et souffrent d’un manque de communication des acteurs de la filière de recyclage (ministère de l’Ecologie, déchetteries, communes) sur leur traitement en tant que déchet. Les avis divergent sur la Toile : oui ou non, peut on amener ses anciens supports vidéo et audio en centre de tri ? Les deux réponses sont justes. Mais a priori, elles n’y seront pas recyclées, mais enterrées. Pourtant, une K7 VHS est composée de 5 ou 6 composants distincts. Deux types de plastiques (recyclables), vis, pièces métalliques, et bande magnétique… 80% de la K7 sont recyclables.
L’action citoyenne prend le relai de la filière du recyclage des K7 audio et vidéo
Monsieur Atmi, ingénieur de formation, a créé avec sa soeur l’association Libenfant, dans le but d’aider les enfants orphelins libanais à accéder à la scolarité. Comme de nombreuses associations de ce type, elle fait appel au don direct, ou à la vente de produits aux entreprises partenaires (des pâtisseries libanaises en l’occurrence). Plus atypique, l’association à lancé un programme de récupération des cassettes VHS et audio de tous les particuliers en possédant, en se proposant de remplir le rôle d’intermédiaire dans la filière de recyclage de ces produits.
L’association permettait ainsi aux citoyens d’agir pour l’écologie et, par la revente du déchet final à une entreprise qui le revalorisera, pour l’accès des orphelins libanais à l’éducation.
Recyclage, économie et solidarité : un réseau citoyen pour une action triple :
Le principe est simple : les cassettes reçues sont démantelées, le plastique est séparé des pièces métalliques, des vis et de la bande. La grosse structure de plastique noire est ensuite revendue à des professionnels intéressés par le plastique brut qui sera fondu et ensuite réutilisé dans la production d’objets du quotidien.
Sur 18 mois d’opération, près de 500 000 cassettes ont été ainsi récupérées et recyclées par LibEnfant. 30 à 40 mille K7 (la quantité reçue en moyenne par mois durant cette période) représentent 1 tonne de plastique à revendre. Depuis 2008, 1600€ ont été récoltés de cette façon, sachant que 200€ permettent la scolarisation de deux enfants libanais pour un an…
LibEnfant à mis en pause cette opération, aujourd’hui dépassée par son propre succès. Les stocks se sont amoncelés et le flux est temporairement bloqué. Verdict de cette initiative très noble :
- l’association n’a pu être référencée par le Ministère de l’écologie comme acteur officiel de la filière, car elle entrait en concurrence avec les incinérateurs, subventionnés par l’Etat, voire par l’Europe…
- LibEnfant a réussi à créé un écosystème (ou « éco » prend autant le sens d’économique que d’écologique) citoyen, un réseau créant de la richesse et de la solidarité,
- LibEnfant était la seule association à proposer une solution au traitement des cassettes audio et vidéo efficace
L‘action de LibEnfant ne demande qu’à être copiée, l’opération ayant été un véritable succès. Il y a surement de nombreuses façon d’agir de la sorte, de collecter, communiquer et revendre de manière efficace et garantissant un traitement optimisé du déchet. Certaines associations recyclent même les radiographies argentiques (très polluantes !), et prennent ainsi part à l’économie du recyclage tout en soutenant un objectif de solidarité (humanitaire).
Don, troc, revente entre particuliers : une alternative au recyclage par l’allongement de la durée de vie du produit
Pas vraiment une alternative, puisqu’il ne s’agit plus de recyclage, mais le don, l’échange ou la revente sur des sites spécifiques ne prenant aucune commission (consoRécup’, Digitroc ou consoccasion) constituent quelques solutions citoyennes tout à fait envisageables. Après tout, il y a encore des fans aux collections difficiles à compléter…
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