Marseille connecte durablement ses quartiers.
Le 17/12/12 par Vincent.FLa cité phocéenne amorce sa métamorphose urbaine. Le but : améliorer le cadre de vie des marseillais par la tenue d’un plan durable de rénovation urbaine concernant 14 sites actuellement classés en ZUS (zones urbaines sensibles).
Il s’agit d’entreprendre la rénovation, parfois par la destruction des bâtiments les plus vétustes, puis la reconstruction ou réhabilitation aux normes HQE et BCE (Haute Qualité Environnementale, Basse Consommation Energétique) de ces zones jusqu’ici laissées en état de délabrement.
Avec un budget d’un milliard d’euros, c’est le plus important des plans nationaux de rénovation urbaine.
J’ai eu l’occasion à ce sujet de m’entretenir avec M. Nicolas Binet, directeur du groupement d’intérêt public Marseille rénovation urbaine. Explications…
Le projet d’urbanisme marseillais durable en détails :
Un financement tentaculaire :
Le financement vient de plusieurs fonds. Et une partie de celui-ci est clairement un pari sur l’avenir de la part des bailleurs sociaux qui investissent près de la moitié du budget. Emprunts et fonds propres, leur investissement devrait être récupérable « sur 15 à 20 ans« , annonce M.Binet, en fonction de l’animation du nouveau marché immobilier.
Les quelques 500 millions d’euros restant sont alloués par des subventions sonnantes et trébuchantes de l’ANRU (300 Millions), de la ville de Marseille (120 millions), la communauté urbaine (28 millions), le conseil Général des Bouches du Rhône (32 millions) et de la région Provence Alpes Côte d’Azur (40 millions).
5000 nouveaux logements et 7000 réhabilitations. Sans compter les autres chantiers : aménager la voirie afin de désenclaver ces quartiers, de les ouvrir sur le reste de la ville, d’améliorer l’offre de services sociaux et de cohésion sociale, et enfin, d’attirer les employeurs.
Bref, l’objectif est important : assurer le virage vers une plus grande responsabilité environnementale et sociale des villes et de ses habitants.
Comment les quartiers ont-ils été choisis ?
« Marseille compte 220 000 habitants logés en zones urbaines sensibles. Celles-ci représentent 1/4 de la ville », déclare M.Binet. Dès 2004-2005, ces zones ont été désigné comme concentrant le plus de besoins en aménagements sociaux et techniques. Dans tous les cas, à l’horizon 2016 les travaux et ces fameux aménagements devraient être terminés et mis à disposition des riverains.
A ce jour, « certains projets sont à moitié achevés, d’autres au tiers d’autres à 5 ou 10%… il y a une diversité de situation d’avancement des aménagements« . La zone surplombante du Plan D’Aou compte parmi les chantiers les plus avancés, avec l’inauguration début décembre de la nouvelle crèche et des jardins familiaux partagés, les terrasses du Verduron.
Marseille 2016 : vers une véritable diversité et mixité sociale ?
De manière quasi générale, les quartiers populaires sont les principaux visés par les plans de rénovation urbaine. Parce que l’Etat a laissé la situation se dégrader pendant trop longtemps pour avoir d’autres solutions que de reconstruire sur de nouvelles bases. Une dalle de bon sentiments tout à fait bienvenus mais souvent au souffle très court : scolarisation, santé, citoyenneté, culture, droit, social, emploi, et mixité sociale : comment tenir tant d’engagements sur le court terme ?
En ce qui concerne la mixité sociale, Nicolas Binet assure qu' »il est clair que le brassage social est une priorité. Notre objectif dans le cadre de ces 14 chantiers est de permettre une meilleure répartition de l’offre en logement sociaux locatifs« , qui ne doivent pas être agglutinés sur le même territoire. Cela signifie que l’accès à la propriété devrait être développé dans ces quartiers, majoritairement habités par des locataires.
Un des autres but est de chasser les « marchands de sommeil » en rénovant les patrimoines anciens vétustes et insalubres gérés par des propriétaires appâtés par la rentabilité sans compromis. « Pour 50 logements détruits, 50 seront reconstruits, mais pas forcément sur le même site. Nous sortirons de toute façon du système des barres de logement. Il y a une totale convergence sur la priorité donnée à l’habitat. Une conviction forte et partagée. »
Mais alors, qu’en est-il par exemple des logements inoccupés ? Ne peut on pas économiser en privilégiant quelques réhabilitations ?
« La pression démographique est très forte à Marseille. Les logements vacants sont très peu nombreux et le patrimoine HLM est plein à 100%« … Il semble qu’il n’y ait pas d’autre solution que d’accroître l’offre de logement.
Et l’emploi dans tout ça, n’est-ce pas la priorité des priorités pour ces habitants de zones sensibles ?
« Sur les marchés de travail qui bénéficient de financement de l’ANRU, 5% de la masse salariale du projet doivent être constitués de personnes sur le parcours d’insertion professionnelle. Au 30 juin, cela représentait sur l’ensemble des chantiers marseillais en lien avec le projet de rénovation urbaine, 269 personnes.«
Par la suite, les aménagements sur les 14 sites en chantier doivent homogénéiser l’urbanisme de la citée, et permettre un désenclavement réel, et donc, l’arrivée d’entrepreneurs dans ces quartiers…
Avec cet investissement, utilisable sur 5 ans, c’est la plus importante opération de renouvellement urbain de zones sensibles, prenant en compte les exigences environnementales et sociétales, qui est à l’oeuvre.
D’ici 2017, nous devrions donc assister à la métamorphose de Marseille, qui se distribue une nouvelle donne pour gérer ses zones urbaines sensibles.
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En savoir plus :
- Voir sur le site de la mairie la carte des 14 chantiers en cours
- Les éco-quartiers, coins de ville durables
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