Pourquoi il faut réduire notre consommation de viande
Je suis tombé à une heure avancée de la nuit sur la rediffusion d’un documentaire prenant des allures d’un véritable cauchemar…
Adieu, veau, vache, cochon, couvée, diffusé mercredi 14 juin sur France 3, est une enquête sur les coulisses de l’industrie alimentaire croisant les témoignages d’un activiste de la cause animale s’étant lancé le défi de travailler en abattoir pour témoigner, d’un ancien éleveur plein de sagesse, d’un couple d’éleveurs bio ainsi que deux éleveurs rompus aux méthodes de l’élevage industriel.
Le but du documentaire n’est pas de culpabiliser le consommateur, mais plutôt d’éclairer le sujet de toutes les données historiques, techniques et économiques nécessaires pour bien envisager et prendre individuellement conscience de cette réalité, qui est la nôtre.
La vérité sur un système où tout devient irréel, virtuel :
Ce n’est pas comme si on ignorait que la surconsommation de viande dans nos sociétés modernes est la cause de nombreux problèmes sur la santé humaine et l’environnement.
Sur la santé, parce que la logique d’hyper productivité effrénée imposée par le marché conduit à des dérives biologiques graves ne pouvant qu’avoir des répercussions sur la santé de l’animal et du consommateur : des truies en gestation bientôt 12 mois sur 12, des poulets aux hormones atteignant un physique adulte en un temps record mais dont les organes internes tels que le coeur ou les poumons ont du mal à suivre pour ne citer que ces exemples du tout nouveau cabinet de curiosités mondial… et sur l’environnement, car la viande est passée de plat festif, hebdomadaire -au mieux- il y a 50 ans, à un aliment présent dans quasiment tous les repas aujourd’hui.
Les élevages traditionnels reviendront-ils durablement au goût du jour ?
Les cultures intensives de soja et de maïs telles que celles du Brésil, couvrant parfois jusqu’à 50 000 hectares soit 5 fois la surface de Paris, entraînent la déforestation et les rejets toxiques de pesticides et d’insecticides dans l’air et dans l’eau détruisant ainsi la biodiversité. En Bretagne, on a sacrifié la biodiversité et les bocages pour faire de la région la fabrique à viande et à aliment pour bétail de la France…
Est-ce la demande de la société ou la force de persuasion de l’offre de viande industrielle qui guide ce système ?
On entend un spécialiste s’exprimer à un moment sous ces termes étranges, arguant que oui, les méthodes industrielles ont progressé dans le sens de la qualité du traitement réservé aux animaux et de la qualité des produits sortis de chaîne, mais qu’il reste des progrès à faire et que d’un autre côté, la société ne demande rien d’autre que de manger de la viande pas chère le plus souvent possible… et qu’au final, « elle » (la société), ferait mieux de savoir ce qu’elle veut.
Une remarque d’une hypocrisie incroyable et loin d’être anecdotique… C’est le non-argument majoritairement entendu dans la bouche des promoteurs de l’industrie intensive.
Car est-ce vraiment le besoin du consommateur qui est comblé ici, ou le souhait d’une industrie bloquée aujourd’hui dans le système sans avenir qu’elle a initié ? Il semble qu’en l’état, nous soyons tous, consommateurs, exploitants industriels et animaux, piégés.
Le travail à la chaîne inventé pour le dépeçage des animaux :
Des chiffres, que l’on a pas l’habitude d’entendre, font frémir et dégoûtent : un milliard d’animaux abattus chaque année pour les besoin d’une partie de la population mondiale. Les Français mangent 3 fois plus de viande qu’il y a 50 ans, période à laquelle la viande était un plat de fête, généralement consommé une fois par semaine, le dimanche.
> Planetoscope : Nombre d’animaux tués pour fournir de la viande dans le monde
Un éleveur à la retraite confie que les méthodes industrielles d’élevage sont comme des camps de concentrations pour animaux. Notre pensée l’a alors déjà devancé, tant les images sont terribles : un véritable mal-être s’installe, pas forcément à la vue du sang versés par litres dans les abattoirs. Car on peut avoir pris l’habitude de ce spectacle au cours d’autres enquêtes, mais plutôt par l’absence totale de sensibilité et de respect des animaux. Une scène incroyable tournée dans un laboratoire aux débuts de l’élevage intensif : un homme en blouse blanche puise directement dans la panse d’une vache -vivante-, les aliments en train d’être digérés pour étudier le système digestif et améliorer la nutrition des bovins. « Il n’y a pas de trucages », adresse la voix-off au téléspectateur aux yeux écarquillés.
Pas une culpabilisation du consommateur, mais un travail d’investigation à voir absolument :
Le documentaire « Adieu, veau, vache, cochon, couvée » chamboule l’imaginaire collectif. Les éditions Fernand Nathan nous ont bercé d’illusions avec l’invention du travail à la chaîne dans le secteur de l’automobile alors qu’en réalité, c’est le dépeçage des bêtes qui, en premier, a expérimenté ces méthodes. Un animal entier en entrée de chaîne, des morceaux en sortie. L’industrie automobile et M.Ford n’ont fait qu’appliquer le principe pour les automobiles.
On constate le retour aux méthodes traditionnelles de certains éleveurs s’étant aventurés dans l’intensif puis dégoûtés de ne plus rien contrôler sur leurs exploitations. Mais les industriels veilleint réglementant chaque action en fonction d’un planning bien précis étudié pour parfaire la productivité à tout prix.
On ne sort pas indemne du visionnage de ce document écrit et réalisé par Béatrice Limare. On n’a qu’une envie : redevenir maître de sa consommation alimentaire.
Le documentaire est encore consultable en ligne sur Pluzz.fr.
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Sur la consommation de viande :
- L’impact environnemental de la viande (Encyclo-ecolo)
- Cantines : un décret rend obligatoire la viande à tous les repas
- Viande, agriculture : les livres qui accusent
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