Avis d'expert sur la pollution de l'air intérieur
Le 06/03/12 par Vincent.FUne nouvelle étape vers la transparence envers les consommateurs concerne la pollution de l’air intérieur en la création d’un affichage environnemental sur les produits de décoration, d’ameublement et de construction de l’habitat. Peintures, papiers peints, vernis, colles, tapis sont désormais classés de A à C selon le potentiel d’émissions de polluants organiques volatils.
Aujourd’hui, j’ai eu l’occasion d’interviewer le professeur Damien Cuny, toxicologue spécialisé dans la pollution de l’air intérieur, exerçant au sein de l’université des sciences biologiques et pharmaceutiques de Lille. Nous avons ensemble dressé l’état des lieux des moyens en matière de lutte contre la pollution intérieure, puis des bonnes pratiques à mettre en place pour limiter les risques.
De multiples sources de pollution à la maison ou au bureau :
L’air intérieur est plus pollué que l’air extérieur, pour l’évidente raison qu’il est moins fréquemment renouvelé. Aujourd’hui, la pollution par les ondes (wi-fi, portable…) vient s’ajouter à une longue liste de sources de pollution comme celles émanant des produits d’entretien (aux flacons jamais totalement étanches), des traitements (exemple de l’anti-puce pour les animaux), mais aussi les meubles (vernis), moquettes, tapis et parquets qui libèrent des substances toxiques… Sans oublier les désodorisants, bougies parfumées, encens, mais aussi les insecticides, la poussière et bien entendu, la cigarette.
Le syndrome des bâtiments malsains :
Apparu dans les années 80, il regroupe un ensemble de signes annonciateurs d’une réaction à la pollution de l’air intérieur d’un logement/lieu de travail ou autre espace fermé. Cette succession de signaux avant intoxication ou allergie est : nausée, maux de tête, réaction allergique.
Une ordonnance pour un diagnostic de la pollution interne de votre habitation :
La prescription médicale de votre médecin ayant décelé des indices de début d’allergie ou de réaction physique à un habitat pollué peut vous permettre d’accéder à un diagnostic par un CMEI (Conseiller Médical de l’Environnement Intérieur) de votre domicile en termes de pollution de l’air intérieur. Bon à savoir. Certaines associations peuvent aussi vous conseiller, et établir le bilan de votre logement.
Des outils pour lutter contre la pollution de l’air intérieur :
- L’ensemble des données indirectes à prendre en compte est trop important pour pouvoir constater l’étendue des causes et effets de ce type de pollution. Cela dit, la prise de conscience générale ayant eu lieu est un signe positif de progrès en la matière.
- Le combat contre les effets pervers du tabac fait office de figure de proue de l’avancée des améliorations de la qualité de l’air intérieur pour tous.
- La création de normes faisant office de valeurs guides, par l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur, ou par l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité de l’Environnement), permet de mieux appréhender la problématique.
- L’affichage environnemental, en vigueur depuis janvier 2012, permet aux consommateurs d’être informés.
Attention : laisser l’habitat s’aérer !
Le professeur Cuny met en garde contre un possible retour aux actions engagées dans les années 70. En contexte de crise à l’époque, comme aujourd’hui, il fut tentant, pour des raison d’économie d’énergie, de se calfeutrer chez soi. L’habitat devint un lieu finalement dangereusement étanche, baignant ses occupants dans les vapeurs toxiques insidieuses…
Trois conseils primordiaux pour prévenir la pollution intérieure :
- Etre vigilant, en ayant une utilisation rationnelle des produits polluants (d’entretien, mais aussi des bougies parfumées par exemple), pour ainsi éviter de polluer
- Aérer régulièrement, voire faire poser une aération
- Pour les fumeurs, fumer dehors !
Le tabac, super-pollueur, on en viendra tous à bout :
Il y a eu de gros progrès sur le combat contre le tabac depuis quelques années. Il est primordial de fumer dehors ou à la fenêtre, car les composés polluants de la cigarette peuvent se fixer sur les textiles et continuer de se propager par la suite, notamment chaleur aidant. Pourquoi ne pas se mettre à la cigarette électronique ou arrêter complètement ?
*
La suite p.2> vrais et faux amis de la lutte contre la pollution intérieure : plantes dépolluantes et filtres !
Bonjour Monsieur Bouquet,
Merci pour votre réaction, c’est le but 🙂
Il est vrai que la sémantique utilisée peut être trompeuse, comment différencier concrètement décoration et ameublement ?
Le communiqué de presse du ministère de l’écologie de janvier 2012 relatif l‘affichage environnemental stipule bien une mise en applicaton de ce dernier sur les produits de construction et de décoration (peinture, parquet, moquettes, vernis…). Par contre, vous avez raison, l’ameublement n’est pas cité une seule fois dans ce document. Alors où ranger la literie ?
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2012-01-06_-_Nouvelle_etiquette_qualite_air_interieur.pdf
Quant au décret de novembre 2011 sur la qualité de l’air intérieur, il prévoit une obligation de contrôle périodique de la part des propriétaire/gestionnaires de lieux accueillant du public : bureaux, écoles, devront réaliser de fréquents échantillonages, relevés des polluants présents, moyens d’aérations, etc.
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Air-interieur-Decret-simple.html
Qu’en pensez-vous ?
Bonjour,
Il y a une confusion dans le premier paragraphe de votre article.Il existe effectivement un décret sur la qualité de l’air intérieur concernant les matériaux de construction et de décoration ( et non d’ameublement) et une expérimentation sur l’affichage environnemental( sur la literie notamment) qui elle concerne bien l’ameublement et les impacts environnementaux des meubles. Les deux sujets ont des objectifs complétement différents. Il y a déjà tellement de confusion dans l’esprit des consommateurs, qu’il m’a semblé bon de réagir.
Cordialement