Interview : fermeture des meubles frigorifiques dans l'alimentation
Dans le cadre du programme d’action pour l’efficacité énergétique, décidé à l’issu d’une table ronde nationale en décembre 201, le gouvernement et la fédération du commerce et de la distribution s’engagent à réduire la facture d’électricité de la France.
Suite à l’article sur la fermeture des meubles frigorifiques dans les grandes surfaces commerciales, interview de Monsieur Charton, délégué général du PERIFEM, association technique du commerce et de la distribution en charge de la recherche et de la réflexion avec les partenaires de ces professions pour répondre aux souhaits des consommateurs, aux innovations technologiques et aux nouvelles normes européennes et françaises.
Vers la fin des meubles frigorifiques à rayon ouvert ?
Vers l’efficacité énergétique des enseignes commerciales ?
Qu’est ce que PERIFEM ?
Perifem est l’association technique du commerce, elle existe depuis 30 ans, et répond à une volonté de mutualiser les expériences techniques entre les grandes enseignes qui à l’époque étaient un peu esseulées et souffraient des mêmes problèmes. Nous nous occupons de la réflexion sur les questions techniques opérationnelles des magasins. Tous les aspects réglementaires, les solutions innovantes, entre distributeurs et partenaires, pour améliorer l’exploitation des surfaces commerciales.
Les partenaires sont par exemple les fournisseurs techniques des enseignes, concernés par les aménagements du sol au plafond, la vidéo surveillance, le gardiennage, la gestion de l’eau, etc. Et pour ce qui nous concerne actuellement, les fabricants de meubles réfrigérés.
Le PERIFEM est-il indépendant ?
Tout à fait. Nous sommes une association qui vit des cotisations de ses adhérents. Les seuls décideurs sont les distributeurs et leurs fournisseurs.
Qui est à l’initiative de cette démarche ? Le gouvernement, la FCD (fédération des entreprises du commerce et de la distribution)?
Cette démarche entre dans le domaine de réflexions de la table ronde de l’efficacité énergétique, lancée par le ministère de l’écologie. C’en est un des axes importants. Il n’y a cependant pas vraiment d’initiateur, du moins pas à sens unique. Il s’agissait d’un projet mené par le bon sens, d’une discussion en cours depuis 2008, entre la FCD, le gouvernement, l’Ademe et Perifem. Fermer un meuble frigorifique, depuis notre étude avec l’ADEME « site à haute efficacité énergétique », nous savons depuis 2010 que c’est énergétiquement et économiquement intéressant, cependant, nous allons plus loin que l’aspect purement technique de la démarche puisque nous révélons des intérêts politiques et commerciaux également.
Cette mesure dont nous parlons a-t-elle été inspirée par des pays en avance au niveau des politiques environnementales ?
Non, pas vraiment. A part en Hollande, où effectivement les choses commencent à bouger, l’engagement volontaire massif, n’existe qu’en France. Il existe des tests à l’étranger, même aux Etats Unis, mais pas d’engagement de l’ensemble de la profession en ce sens. Nous avons souhaité dépasser cela.
Comment peut on mesurer les gains d’une telle mesure ?
Énergétique, économique, éthique, moderne… C’est déjà pas mal ! Dans une démarche gagnant-gagnant, nous faisons de l’économie par l’écologie. Il y a un investissement important, mais le retour sur investissement est de l’ordre de 5 à 7 ans. Il s’agit d’une estimation.
Pour les gains énergétiques : aide à la réduction de l’empreinte carbone, en matière de développement durable, ça va dans le sens de la modernité, et des engagements pris par de plus en plus d’entreprises aujourd’hui. Bien sur il y a des points négatifs, tels que les surcoûts des meubles avec les portes ou la perte de productivité.
Concernant l’investissement économique, quelles solutions seront envisagées à propos du renouvellement ou de l’aménagement des meubles ? Remplacement pur et simple des machines ou aménagement d’une porte sur les meubles déjà existants ?
Les deux solutions sont envisagées. Et pour ce qui est de la filière de valorisation des déchets, le même fonctionnement sera conservé. Nous passerons par des filières de recyclages habituelles.
Il y a déjà eu un aménagement similaire sur les meubles réfrigérants (pour la congélation), pourquoi n’a-t-on pas généralisé l’aménagement à l’ensemble du parc ?
Cela a été effectivement fait sur les meubles négatifs en terme de confort client car ce n’était plus possible de laisser les choses en l’état. Sur le positif, même si le confort client est important, ce n’est pas le vecteur premier. Le frein principal était commercial. Les enseignes avaient peur que ce soit un frein à la vente. Et l’intérêt de notre engagement commun, c’est que si toutes les enseignes le font, le problème concurrentiel disparaîtra de lui-même. Nous nous sommes engagés sur 8 ans, 7 grandes chaines ont signé, tout le monde évidemment n’est pas signataire mais à terme, tout le monde y viendra. L’engagement porte sur 75% du parc, nous ferons notre retour d’expérience, il y a peut être des endroits ou il n’y aura pas vraiment d’intérêt à fermer certains meubles, tels que les têtes de gondoles ou les endroits à très fort débit.
Y a-t-il des sanctions prévues en cas de non-respect de l’engagement ?
Non, c’est un engagement volontaire, les adhérents sont des gens qui lorsqu’ils s’engagent sur quelque chose, s’y tiennent. Si l’effort est commun, l’intérêt est que cela donne un signe fort au marché, aux fournisseurs qui vont travailler sur de nouveaux produits, améliorer leurs lignes de production, c’est un cercle vertueux.
D’autres projets d’aménagement des grandes surfaces sont ils en cours ?
Il y en a de nombreux, par exemple l’éclairage naturel sur lequel nous travaillons actuellement. Aujourd’hui la consommation énergétique c’est 20% d’éclairage, avec des aménagements d’éclairage naturel sur certains sites, la consommation d’énergie peut être drastiquement réduite. Il existe une étude que nous avons réalisé avec l’ADEME sur le chiffrage des économies sur l’éclairage naturel.
Merci à Monsieur Charton pour son temps et ses réponses !
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En savoir plus sur l’efficacité énergétique des sites commerciaux :
- L’étude ADEME-PERIFEM « site commercial à haute efficacité énergétique »
- Des questions qui jettent un froid : l’aménagement des meubles frigorifiques en supermarché
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