Le chocolat compensé carbone d'Alter Eco : un bon choix ?
Le 29/03/09 par belinundaAlter Eco s’est engagée depuis plus de 10 ans dans un commerce socialement responsable et écologiquement durable en proposant des produits provenant exclusivement du commerce équitable et majoritairement issus de l’agriculture biologique.
Dans le prolongement de ces engagements, la marque vient de mettre sur le marché un nouveau chocolat noir avec une approche innovante, offrir au gourmand un maximum de plaisir dans une tablette contenant un minimum de CO2. Pour arriver à ce résultat, Alter Eco compense 100% des émissions de carbone liées à la fabrication et à la commercialisation du chocolat.
Une qualité irréprochable
C’est la première observation que l’on peut faire sur ce chocolat. Il est fabriqué à partir de beurre de cacao, sans conservateurs ni agents de saveurs et sans lécithine de soja. Autre point positif, en plus d’être certifié Max Havelaar, il porte aussi la mention AB. C’est un vrai plus pour l’environnement. La culture d’aliments biologiques est plus respectueuse de la biodiversité et contribue moins au réchauffement climatique que l’agriculture conventionnelle. Mais puisque l’on parle de chocolat, faisons la fine bouche.
Quid de la compensation carbone ?
Il est toujours préférable d’essayer de réduire ses émissions plutôt que de les compenser, et, si elles doivent être compensées, de privilégier les mécanismes de développement propre qui réduisent les émissions (énergie solaire, etc..) et qui ne sont pas des puits de carbone (plantation). En effet, l’impact positif sur les émissions de gaz à effet d’unetelle compensation reste à prouver . Le choix d’Alter Eco mérite donc d’être expliqué.
Au delà de la compensation carbone du chocolat, il nous semble donc important de retenir les engagements pris par Alter Eco pour réduire leurs émissions notamment au sein de l’entreprise (bilan carbone, ecogestes).
Dans ce contexte favorable l’emballage du chocolat nous laisse sur notre faim. Il est double et constitué d’un carton, recyclable dans un système de collecte sélective traditionnel et d’une feuille d’aluminium, qui, elle, ne l’est pas forcément. La production d’aluminium étant fortement énergivore, est-ce qu’il n’aurait pas été souhaitable de privilégier un autre type d’emballage pour diminuer l’empreinte carbone du produit ?
Nos questions à Alter Eco
Pourquoi avoir privilégié une compensation carbone basée sur le reboisement?
- La déforestation (et le brûlis qui en découle) est responsable de 20 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre, soit plus que la totalité des transports mondiaux (18 % du total).
- Si on n’agit pas contre la déforestation, il n’y aura plus de forêt tropicale d’ici 2035
- La reforestation est plus en ligne avec les objectifs des producteurs partenaires
Complémentaire avec la culture du cacao au Pérou, la plantation d’arbres permet d’augmenter les revenus des cacaoyers (les arbres natifs aèrent le sol), favorise la préservation de la biodiversité, augmente les revenus des producteurs (ils sont payés pour planter et pourront revendre les arbres à terme), améliore la gestion de l’eau et du sol (évite les glissements de terrain et les inondations) et stocke du carbone. Sur les zones déforestées, le stock de carbone est de 0,6 Tonnes / hectare contre 350 Tonnes / hectares pour une forêt primaire.
En replantant des arbres natifs en consortium avec des cacaoyers, nous obtiendrons des stocks de carbone de 150 tonnes minimum / hectare. Pour être le plus précautionneux possible (car la compensation par la forêt n’est pas aussi mathématique que les réductions d’énergie), nous avons pris l’hypothèse de 73 tonnes de carbone stockées par hectare. Par ailleurs, la reforestation en milieu tropical humide augmente le processus d’évaporation et ainsi la formation des nuages qui limite la réverbération des rayons du soleil dans l’atmosphère.
Il y a ainsi de multiples avantages à privilégier la compensation par la reforestation : elle est très complémentaire avec la mission de Commerce Equitable d’Alter Eco pour les petits producteurs du Sud, pour la biodiversité,, et permet de lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
Comme Joseph E. Stiglitz (Prix Nobel d’Economie) le dit « Si on ne fait rien pour lutter contre la déforestation, 80 % des efforts consentis dans la lutte contre le réchauffement climatique seront annulés ».
Quels sont les pistes sur lesquelles vous travaillez pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et les impacts environnementaux de vos produits ?
- Les thés : amélioration par étape. En 2008, nous avons supprimé les plastiques à l’intérieur. Nous travaillons actuellement sur des enveloppes plus étanches pour les arômes et sur un plastique extérieur biodégradable.
- Les riz : nous travaillons pour améliorer le pack de riz (soit 100% carton, soit 100% plastique), tout en privilégiant le conditionnement sur place en Thaïlande. Pas évident !
- Les briques de café : nous nous orientons vers un pack 100% plastique versus aujourdhui un complexe alu+polypropylène.
- Passage progressif de tous nos produits en bio.
A ce jour, 2/3 des produits sont bios, les autres proviennent de coopératives en attente de certification bio ou en transition à l’agriculture biologique.
Que peut faire un fabricant comme Alter Eco pour rendre ses emballages plus écologiques ?
- Concernant l’aluminium dans le chocolat, nous utilisons un papier alu qui est recyclé et déjà en bout de chaîne (et non l’aluminium que l’on utilise pour les structures ou les voitures qui est effectivement un polluant lourd). Cet aluminium est facilement aimanté et donc mis à côté du reste des déchets, puis recyclé. C’est moins polluant que le plastique fabriqué à base de pétrole (ce que nous utilisions avant).
- L’usine du torréfacteur avec lequel nous travaillons est « neutre en carbone » aujourd’hui dans son fonctionnement et les cafés sont tous avec un pack monomatière, ce qui est plus écologique. Nous privilégions ces prestataires et demandons à nos fournisseurs (riz, thés, biscuits,) de travailler sérieusement sur ces questions.
Diminuer la consommation d’énergie liée à la fabrication des marchandises, le poids ou modifier la nature des emballages, est-ce que cela peut contribuer à abaisser le prix des produits ?
Oui ! Un emballage plus petit/moins lourd = gain de place dans les camions = optimisation du transport = plus écolo et moins cher.
En même temps, nous travaillons sur des emballages en amidon de maïs ou de pomme de terre par exemple, mais c’est encore très peu développé. Il y a peu de prestataires qui le proposent et comme tout ce qui est rare, c’est cher !
Le chocolat « parfait » d’Alter Eco, un bon choix ?
Cette tablette est, bien sûr, plus chère qu’un chocolat de marque distributeur mais l’approche « développement durable » d’Alter Eco demeure exemplaire. Choisir ce chocolat, c’est d’abord se faire plaisir mais c’est aussi bien plus qu’un acte d’achat conventionnel, c’est soutenir une entreprise citoyenne, des producteur locaux, contribuer à une forme de commerce plus responsable et donc au final vraiment réaliser un acte de consommacteur.
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