Tourisme illégal, mais responsable
Le 08/09/08 par ekimondoBillet écrit par Jean-François Perreault sur www.ekimondo.com
Le tourisme traditionnel avec ses sentiers balisés et ses exécrables boutiques de souvenirs vous ennuie profondément? Deux solutions soffrent à vous : camper à la maison ou vous adonner à lexploration urbaine, la dernière frontière
Lexploration urbaine, quon appelle aussi « urbex », na rien à voir avec les activités de mon confrère Dominic Arpin!
Il s’agit plutôt d’une forme de tourisme « extrême » qui pousse ses adeptes à fouiner dans nos espaces laissés à labandon : hôpitaux désaffectés, châteaux en pleine décrépitude, parcs dattractions désertés, égouts oubliés Rien néchappe à la soif de découverte de nos explorateurs!
«Trop de gens croient que les seules choses à voir dans nos villes sont les attractions propres et sécuritaires qui exigent des frais dadmission. Pas étonnant que les touristes soient écoeurés après leur passage dans les boutiques souvenirs», explique Ninjalicious dans son fanzine, Infiltration. Ce jeune auteur canadien, aujourdhui décédé, est linventeur du terme exploration urbaine. Il a même écrit un livre à ce sujet: Access All Area.
Puisquil nexiste plus aucun lieu intouché par lhomme, pourquoi ne pas visiter ceux que lhomme ne fréquente tout simplement plus? Cest lidée de ce loisir, une forme darchéologie contemporaine.
À la différence d’Indiana Jones, nul besoin de trimballer son fouet et son pistolet pour sadonner à lurbex; un bon appareil photo suffit pour documenter ces espaces figés dans le temps. Dailleurs, des communautés entières se sont forgées sur le Web pour partager leurs découvertes et leurs clichés, comme Forbidden-places.net (Un gros merci à Sylvain Margaine pour les deux premières images dans ce billet!). Cest justement l’une des principales motivations de leurs membres pour qui ces photos constituent leurs trophées en quelque sorte. Même des Montréalais se servent du Net pour nous faire découvrir lautre Montréal souterrain.
Et la philosophie Urbex n’est pas très loin des principes du voyage responsable: les vrais de vrais ne forcent pas les serrures, nendommagent pas les espaces qu’ils explorent et ne rapportent rien de leur expédition, sinon des photos hors du commun et des souvenirs impérissables.
Moi-même, je me suis laissé tenter à Dubrovnik, en Croatie, il y a quelques années
Cétait les vestiges d’un ancien hôtel de luxe, bombardé par lartillerie serbe
Aujourdhui, le Libertas n’est plus à lagonie. Dieu merci, des hommes daffaires lont fait renaître de ses cendres. Cependant, en pénétrant dans ses murs, troués par les balles et achevés par le temps, jy ai vécu des émotions quaucune carte de crédit ne saura me procurer!
Et vous, que pensez-vous de cette nouvelle forme de tourisme?
Bonjour Mlle A,
remarque judicieuse.
Cependant, je trouve que la charte est quand même intéressante « Pas de casse pour accéder aux lieux. Autant que possible, des autorisations sont demandées aux propriétaires des lieux, et sont souvent accordées. Dans certains cas d’abandon le plus total, nous préférons au contraire nous faufiler discrètement pour accéder à l’intérieur. Ceci ne signifie pas que nous opérons le plus souvent en toute légalité, et nous ne pénétrons jamais dans un lieu par effraction. Nous pensons au contraire par nos photos pérenniser l’image de chaque site. »
Et ce « tourisme » (qui n’est certainement pas un tourisme de masse) permet de faire découvrir des lieux parfois oubliés et permet peut-être, par leur mise en lumière, de leur redonner vie, de contribuer à la renaissance d’une activité. En témoigne ce témoignage laissé sur le site de Forbidden places « bonjour a tous, quelle belle attention que vous porter a se château nous allons prochainement ouvrir un coin repas et divers activités sur le domaine du château ,les habitants font de leurs mieux afin de redonner un peu de beauté a se monument a bientôt »
Je trouve le concept hyper intéressant… De là à dire que c’est « responsable et durable »… à voir 😉